La donation-partage répond à un problème concret : comment transmettre équitablement son patrimoine à ses enfants (et parfois à ses petits-enfants), tout en évitant les conflits et en maîtrisant la fiscalité successorale ? Trop souvent, la répartition post-mortem entraîne tensions, incompréhensions, voire contentieux.
Cette solution juridique, encore trop peu utilisée ou comprise dans sa finesse, permet de répartir ses biens de son vivant via un acte notarié, en figeant la valeur des biens et en optimisant les abattements fiscaux. Mieux : elle offre la possibilité d’intégrer des générations différentes, comme les petits-enfants, dans le respect de la réserve héréditaire.
Mais la donation-partage n’est pas exempte de contraintes.
Qui peut en bénéficier ? Comment éviter les pièges juridiques et fiscaux ? Quels biens transmettre ? Faut-il réserver l’usufruit ? Quels sont les risques en cas de déséquilibre ou de mésentente familiale ?
Dans cet article, vous découvrirez les mécanismes clés de la donation-partage, ses avantages concrets, ses limites à anticiper, et les conseils de terrain pour structurer une transmission patrimoniale réellement efficace.
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En résumé
Point clé | Ce qu’il faut retenir |
Qu’est-ce qu’une donation-partage ? | Un acte notarié permettant de transmettre et répartir son patrimoine de son vivant. |
Quels bénéficiaires ? | Enfants principalement, mais aussi petits-enfants via une donation transgénérationnelle. |
Quel abattement ? | 100 000 € par parent et par enfant, renouvelable tous les 15 ans. |
Quels avantages fiscaux ? | Gel de la valeur au jour de l’acte, exonération partielle, fiscalité sur la nue-propriété. |
Quand l’envisager ? | Avant 70 ans pour maximiser les abattements et optimiser la stratégie successorale. |
Quels risques ? | Acte irrévocable, biens futurs exclus, déséquilibres possibles entre lots. |
Réserve d’usufruit ? | Permet de transmettre la nue-propriété tout en conservant les revenus ou l’usage. |
Quelles limites juridiques ? | Respect de la réserve héréditaire, formalisme notarié, pas de rétroaction sur la valeur. |
Jour du décès du donateur | Les bénéficiaires deviennent pleins propriétaires, sans droits de succession à payer. |
Qu’est-ce qu’une donation-partage ?
La donation-partage est un acte notarié par lequel une personne transmet, de son vivant, une partie ou la totalité de ses biens à ses héritiers, tout en procédant à leur répartition définitive.
Contrairement à une simple donation, la donation-partage fige la valeur des biens au jour de l’acte, évite les réévaluations lors de la succession, et prévient les conflits familiaux en fixant clairement la volonté du donateur.
Elle constitue un outil puissant de transmission anticipée, souvent utilisé pour préserver l’équilibre entre les enfants, optimiser la fiscalité et structurer un patrimoine sur plusieurs générations.
À qui s’adresse la donation‑partage ?
La donation-partage s’adresse en priorité aux parents souhaitant transmettre leur patrimoine à leurs enfants, tout en respectant les règles de la réserve héréditaire. C’est le cadre classique, qui permet de répartir les biens de manière anticipée et équilibrée entre les héritiers réservataires.
Elle peut également bénéficier à une génération plus jeune, notamment les petits-enfants, grâce à ce que l’on appelle la donation-partage transgénérationnelle. Cette option permet au donateur d’inclure directement ses petits-enfants dans la transmission, à condition d’obtenir l’accord express de ses enfants, dont les droits héréditaires sont alors partiellement transmis à leur propre descendance.
Quels biens peuvent faire l’objet d’une donation-partage ?
La donation-partage peut concerner une grande variété de biens, à condition qu’ils existent au jour de l’acte notarié :
Biens immobiliers : résidence principale, résidence secondaire, immeubles locatifs.
Actifs financiers : comptes-titres, assurances-vie, livrets bancaires.
Parts sociales ou actions : notamment en cas de transmission d’entreprise familiale.
Objets de valeur : œuvres d’art, bijoux, véhicules de collection.
Biens ruraux : terres agricoles, forêts, vignes.
Les biens futurs ou incertains (héritages non reçus, actifs non encore acquis) ne peuvent pas faire l’objet d’une donation-partage. Un acte notarié permet de figer leur valeur et sécurise juridiquement la transmission.
Les avantages de la donation‑partage
La donation-partage présente plusieurs bénéfices juridiques, familiaux et fiscaux concrets, qui en font un outil de transmission patrimoniale particulièrement efficace :
Elle permet de figer la valeur des biens au jour de la donation, évitant ainsi toute réévaluation postérieure lors du décès du donateur.
Elle autorise le donateur à transmettre des biens en pleine propriété ou en nue-propriété, selon ses objectifs patrimoniaux, tout en conservant éventuellement l’usufruit.
Elle contribue à prévenir les conflits entre héritiers en fixant clairement la volonté du donateur et en attribuant les biens de manière définitive.
Elle offre un cadre juridique sécurisé, via un acte notarié qui formalise la répartition et protège juridiquement les parties.
Elle permet de bénéficier d’un abattement fiscal de 100 000 euros par parent et par enfant, renouvelable tous les 15 ans, réduisant ainsi significativement les droits de donation.
Elle autorise, dans le cas d’une donation-partage transgénérationnelle, un abattement de 31 865 euros par petit-enfant, optimisant la transmission sur plusieurs générations.
Elle ouvre droit à une fiscalité allégée, notamment lorsque la donation porte sur la nue-propriété, puisque les droits de mutation sont alors calculés sur une valeur réduite.
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Les inconvénients de la donation-partage à anticiper
Bien que la donation-partage soit un outil patrimonial très avantageux, elle comporte certaines limites juridiques et pratiques qu’il convient d’anticiper avec précision :
La donation-partage doit obligatoirement être établie par acte notarié, en présence du donateur et des bénéficiaires, et dans le respect d’un formalisme juridique rigoureux, incluant notamment la vérification des capacités de chacun.
Elle ne peut porter que sur des biens existants au moment de l’acte, ce qui exclut toute transmission portant sur des biens futurs ou encore incertains.
En cas de donation transgénérationnelle, les biens donnés aux petits-enfants doivent impérativement provenir de la part successorale de leurs parents, ce qui limite la liberté de disposition du donateur pour respecter la réserve héréditaire.
L’acte de donation-partage est irrévocable, sauf dans des cas très exceptionnels comme l’ingratitude grave d’un bénéficiaire, ce qui implique une perte de contrôle définitive sur les biens transmis.
Si un nouvel héritier naît après la signature de la donation-partage, il pourra contester l’acte en justice au nom de l’atteinte à ses droits successoraux, voire demander son annulation complète.
Il peut survenir un risque d’inégalité entre bénéficiaires si la valeur des biens transmis varie fortement après la donation. En cas de forte appréciation ou dépréciation d’un bien, certains enfants pourraient se sentir lésés, même si les lots étaient initialement équilibrés. Une bonne anticipation de cette possibilité, notamment via une clause de rééquilibrage ou des lots de nature équivalente, est essentielle pour limiter les ressentiments futurs.
Donation-partage avec réserve d’usufruit
La donation-partage avec réserve d’usufruit permet au donateur de transmettre la nue-propriété d’un bien tout en conservant l’usufruit jusqu’à son décès. Cela signifie qu’il peut continuer à occuper le bien, ou en percevoir les revenus (loyers, dividendes), tout en effectuant une transmission juridique anticipée du patrimoine. Ce type de montage est particulièrement adapté aux biens immobiliers locatifs ou à la résidence principale.
La note de Tanguy :
"Lorsque vous réalisez une donation-partage avec réserve d’usufruit, vous conservez l’usage du bien tout en transférant sa valeur patrimoniale à vos héritiers.Concrètement, cela vous permet de continuer à percevoir les loyers d’un appartement locatif ou de rester domicilié dans votre résidence principale, sans pour autant désavantager vos enfants sur le plan successoral. Cette formule est idéale pour les parents qui souhaitent garder la maîtrise de leur cadre de vie, tout en évitant une double fiscalité à leurs héritiers. Pour structurer cette opération avec finesse, il est essentiel de choisir entre pleine propriété et nue-propriété, en fonction de votre âge et de la nature des actifs concernés.”
Pour aller plus loin, consultez notre article dédié à la donation en nue-propriété avec réserve d’usufruit : vous y trouverez les barèmes fiscaux, les erreurs à éviter, et des exemples concrets.
Fiscalité et timing : ce qu’il faut savoir pour optimiser votre donation-partage
Pour que la donation-partage soit pleinement efficace, il est indispensable de bien comprendre les règles fiscales qui l’encadrent et de choisir le bon moment pour la mettre en place.
Cette stratégie repose sur deux piliers : les coûts notariaux et les droits de mutation, d’une part, et le calendrier patrimonial du donateur, d’autre part.
Coûts et droits liés à la donation-partage
Comme tout acte notarié, la donation-partage entraîne des frais et des droits qui varient selon la nature des biens transmis et le lien de parenté avec les bénéficiaires.
Les frais de notaire sont calculés selon un barème proportionnel par tranches de valeur (de 0 à 6 500 €, de 6 500 à 17 000 €, etc.), auxquels s’ajoutent les émoluments fixes et les débours.
Si le partage est dissocié de la donation, un droit de partage de 2,5 % sur l’actif net partagé est dû, ce qui peut représenter une charge non négligeable.
Les droits de mutation à titre gratuit sont calculés après application des abattements légaux (100 000 € par enfant et par parent, 31 865 € par petit-enfant), selon un barème progressif allant de 5 % à 45 %, en fonction des tranches.
Moments clés pour structurer votre donation
Le calendrier de la donation joue un rôle central dans son efficacité patrimoniale et fiscale.
Au jour de la donation : les biens sont évalués à leur valeur actuelle, et non future. L’acte est signé devant notaire, les abattements sont appliqués, et la répartition doit respecter la réserve héréditaire.
15 ans après l’acte : les abattements sont renouvelables. Il est donc possible d’effectuer une nouvelle donation exonérée partiellement, en programmant une transmission en plusieurs étapes.
Au décès du donateur : les biens transmis via la donation-partage ne sont ni rapportés, ni réévalués. Les héritiers deviennent automatiquement pleins propriétaires, sans droits supplémentaires à régler.
La note de Tanguy :
“Ne sous-estimez jamais l’importance du calendrier patrimonial. Organiser une donation-partage avant vos 70 ans est une stratégie gagnante : vous bénéficiez encore de l’intégralité de vos abattements fiscaux, vous sécurisez la valorisation des biens à un moment choisi, et vous conservez une marge de manœuvre pour effectuer une seconde transmission 15 ans plus tard. "
Pour vos enfants, c’est l’assurance de recevoir un patrimoine structuré, fiscalement optimisé, et juridiquement stabilisé.
Pour vous, c’est l’opportunité de transmettre en confiance, sans renoncer à la cohérence de votre projet de vie.”
Conclusion
La donation-partage est bien plus qu’un simple acte de transmission : c’est un outil stratégique qui permet de sécuriser la répartition de son patrimoine, de préserver la paix familiale, et d’optimiser la fiscalité successorale. En anticipant les questions de réserve héréditaire, d’évaluation des biens et de structure familiale, vous posez les fondations d’une succession sereine et équitable.
Mais pour que cette opération atteigne pleinement ses objectifs, elle doit être finement calibrée : choix des biens à transmettre, opportunité d’une réserve d’usufruit, gestion des abattements, intégration ou non des petits-enfants, et articulation avec votre projet global de vie et de transmission.
Chez Rivaria Capital, nos experts en ingénierie patrimoniale vous accompagnent pour concevoir une donation-partage sur mesure, adaptée à vos objectifs, à la structure de votre patrimoine et à votre cadre familial. Prenez rendez-vous dès maintenant pour structurer votre transmission avec précision, intelligence… et sérénité.
FAQ
Quel est l'avantage de faire une donation par partage ?
Geler la valeur, sécuriser la répartition, diminuer les droits par des abattements, éviter les conflits.
Quelle est la différence entre donation et donation‑partage ?
La donation‑partage combine donation + répartition définitive : pas de rapport ni réévaluation.
La donation simple peut être rapportée à la succession avec réévaluation.
Quels sont les inconvénients d'une donation par partage ?
Formalités strictes, coût notarial, irrévocabilité, inadapté aux biens futurs, risque en cas de nouvelle naissance.
Pourquoi faire une donation-partage avant 70 ans ?
Avant 70 ans, vous êtes pleinement maître de votre patrimoine, profitez d’un abattement total, pas de restriction liée au quasi-usufruit.
Est-il judicieux de faire une donation de son vivant ?
Oui si vous voulez maîtriser la répartition, sécuriser fiscalement et éviter les litiges. Mais attention aux coûts et à l’irréversibilité.

Conseiller en investissements
Passionné par l’investissement, j’ai été formé comme Ingénieur en Finance avant de devenir Conseiller en Gestion de Patrimoine.
Depuis plus de 5 ans, j’accompagne des particuliers à construire un patrimoine réellement aligné avec leur situation, leurs objectifs et leur manière de vivre.
Je suis convaincu d’une chose : un bon conseil financier doit être compréhensible, sur-mesure… et toujours guidé par l’intérêt du client, pas celui du produit.